•  

     

    Autrefois, il y a très longtemps de cela, quand le soleil et la lune ne brillaient pas encore dans le ciel et quand le monde se résumait à une brume verdâtre de la forêt vierge, les Esprits se réunirent pour élire leur roi. Après d’interminables conciliabules, ils hésitèrent entre le fort Ntogini, l’habile Ndoga-gin et le sage Mguri-mgori.

     

    Un esprit insignifiant et faible nommé Impisi s’adressa alors à tout l’assemblée :

     

    -Choisissons pour roi celui d’entre nous qui réussira l’exploit le plus remarquable.

     

    Tous les esprits furent d’accord.

     

    Le fort et courageux Ndogagini se leva et, d’un seul geste de la main, dissipa la brume verdâtre de la forêt.

     

    Le vif et adroit Ndoga-gin fit, lui aussi, un geste de la main et créa la terre.

     

    Le sage Mguri-mgori étendit ses bras sur la terre et, aussitôt, la forêt se mit à pousser, les ruisseaux et les rivières à couler, les lacs à se remplir d’eau.

     

    Sur ce, le robuste Ntgogini gonfla ses joues et souffla. Il arracha tous les arbres de la forêt, en engendrant vents et tempêtes.

     

    Ndoga-gin réunit tous les Esprits morts depuis les origines du temps pour les suspendre dans le ciel, créant la lune et les étoiles.

     

    Mguri-mgori prit l’un de ses yeux et le lança haut dans le ciel où il se transforma en soleil.

     

    Ensuite, Ntgogini créa les nuages, Ndoga-gin la pluie et Mguri-mgori l’éclair. Peu à peu, la terre acquit son apparence définitive, seuls les hommes y manquaient.

     

    Alors, le faible et insignifiant esprit Impisi se présenta à nouveau devant la grande assemblée et dit :

     

    -Les trois dieux sont en vérité très puissants, mais il me semble que Mguri-mgori soit tout de même le plus fort d’entre eux. Faisons-en notre roi s’il parvient à créer des être semblables à nous, les Esprits.

     

    Tous les Esprits acceptèrent la proposition d’Impisi. Mguri-mgori leur fit ses adieux et se retira dans un lieu connu de lui seul. Il resta absent très longtemps, se montrant discret à son retour sur ce qu’il avait fait pendant sa retraite. Il se contenta de dire :

     

    -Je vais créer des êtres semblables à nous. Je leur accorderai le privilège de régner sur tout ce qui se trouve sur la terre, mais ils auront deux devoirs : celui de nous obéir, à nous, les dieux et les Esprits, et celui de se laver tous les jours dans l’eau fraîche et courante pour que leurs pensées soient pures.

     

    Après avoir manifesté bruyamment leur enthousiasme, les Esprits l’élurent roi. Seul le fort Ntogini en fut mécontent, car il jalousait Mguri-mgori.

     

    Il souffla de toutes ses forces et une terrible tornade dévasta la terre.

     

    Les fleuves sortirent de leurs lits pour inonder les terres. Lorsque la tornade s’apaisa et que les fleuves retrouvèrent leur cours habituel, des marécages s’étendirent un peu partout. Et voilà que les hommes se mirent à sortir de toute cette boue.

     

    Comme ils sont issus des marécages, leur peau est noire, mais comme ils se baignent tous les jours dans l’eau cristalline des rivières, leurs pensées sont d’une blancheur éclatante.

     


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  •   Un jour, toutes les couleurs du monde se mirent à se disputer entre elles, chacune prétendant être la meilleure, la plus importante, la plus belle, la plus utile, la favorite.

     

    Le vert affirma :

    Je suis le plus essentiel, c’est indéniable. Je représente la vie et de l'espoir. J'ai été choisi pour l'herbe, les arbres et les feuilles. Sans moi, les animaux mourraient. Regardez la campagne et vous verrez que je suis majoritaire.

     

    Le bleu prit la parole :

    Tu ne penses qu’à la terre mais tu oublies le ciel et l’océan. C’est l’eau qui est la base de la vie alors que le ciel nous donne l’espace, la paix et la sérénité. Sans moi, vous ne seriez rien.

    Le jaune rit dans sa barbe :

    Vous êtes bien trop sérieux. Moi j’apporte le rire, la gaieté et la chaleur dans le monde. À preuve, le soleil est jaune, tout comme la lune et les étoiles. Chaque fois que vous regardez un tournesol, il vous donne le goût du bonheur. Sans moi, il n’y aurait aucun plaisir sur cette terre.

     

    L’orange éleva sa voix  dans le tumulte :

    Je suis la couleur de la santé et de la force. On me voit peut-être moins souvent que vous mais je suis utile aux besoins de la vie humaine. Je transporte les plus importantes vitamines. Pensez aux carottes, aux citrouilles, aux oranges aux mangues et aux papayes. Je ne suis pas là tout le temps mais quand je colore le ciel au lever ou au coucher du soleil, ma beauté est telle que personne ne remarque plus aucun de vous.

     

    Le rouge qui s’était retenu jusque là, prit la parole haut et fort :

    C’est moi le chef de toutes les couleurs car je suis le sang, le sang de la vie. Je suis la couleur du danger et de la bravoure. Je suis toujours prêt à me battre pour une cause. Sans moi, la terre serait aussi vide que la lune. Je suis la couleur de la passion et de l’amour, de la rose rouge, du poinsettia et du coquelicot.

     

    Le pourpre se leva et parla dignement :

    Je suis la couleur de la royauté et du pouvoir. Les rois, les chefs et les évêques m’ont toujours choisie parce que je suis le signe de l’autorité et de la sagesse. Les gens ne m’interrogent pas, ils écoutent et obéissent.

     

    Finalement, l’indigo prit la parole, beaucoup plus calmement que les autres mais avec autant de détermination :

    Pensez à moi, je suis la couleur du silence. Vous ne m’avez peut-être pas remarquée mais sans moi vous seriez insignifiantes. Je représente la pensée et la réflexion, l’ombre du crépuscule et les profondeurs de l’eau. Vous avez besoin de moi pour l’équilibre, le contraste et la paix intérieure.

    Et ainsi les couleurs continuèrent à se vanter, chacune convaincue de sa propre supériorité. Leur dispute devint de plus en plus sérieuse. Mais soudain, un éclair apparut dans le ciel et le tonnerre gronda. La pluie commença à tomber fortement. Inquiètes, les couleurs se rapprochèrent les unes des autres pour se rassurer.

     

    Au milieu de la clameur, la pluie prit la parole :

    Idiotes ! Vous n’arrêtez pas de vous chamailler, chacune essaie de dominer les autres. Ne savez-vous pas que vous existez toutes pour une raison spéciale, unique et différente ? Joignez vos mains et venez à moi. Les couleurs obéirent et unirent leurs mains.

    La pluie poursuivit :


    Dorénavant, quand il pleuvra, chacune de vous traversera le ciel pour former un grand arc de couleurs et démontrer que vous pouvez toutes vivre ensemble en harmonie. L’arc-en-ciel est un signe d’espoir pour demain. Et, chaque fois que la pluie lavera le monde, un arc-en-ciel apparaîtra dans le ciel, pour nous rappeler de nous apprécier les uns les autres.


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