• En attendant que sa prophétie se réalise, Theodore Herzl doit faire face à des ennemis inattendus : les juifs anti-sionistes. En effet, plusieurs des coreligionnaires européens d’Herzl le traitent au mieux de fou, au pire d’irresponsable. Les religieux d’abord, à travers la personnalité de Moritz Gudermann, grand rabbin de Vienne, condamnent un projet « politiquement périlleux ». Gudermann rejette le judaïsme « avec canons et baïonnettes qui échangerait le rôle de David avec celui de Goliath ». Les juifs bourgeois, ensuite, redoutent que le sionisme d’Herzl ne leur fasse perdre tous leurs acquis et surtout leur statut de citoyens à part entière durement acquis au fil des siècles. Ils estiment que le judaïsme doit s’en tenir à la tradition et aux symboles. Proche de ce dernier argument, les juifs ultra-orthodoxes refusent, quand à eux, que la Torah passe au second plan derrière l’idée d’Etat. En contradiction avec ses derniers, les partisans d’Herzl réfutent d’emblée l’argument religieux puisque le sionisme est d’abord, selon eux, un mouvement politique, voire une révolution. Elie Barnavi, l’historien israélien contemporain, dira en ce sens du sionisme qu’il est une « invention d’intellectuels » qui ont tourné le dos aux rabbins, aspirant à la modernité et qui cherchent « à corps perdu un remède à leur mal de vivre ». Ainsi, exécré par beaucoup de ses coreligionnaires, Herzl se tourne vers les puissances occidentales dont il sait que l’appui à sa cause est indispensable.

     


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  • Le sionisme politique

     

    Le siècle de la révolution industrielle en Europe est aussi celui des nationalismes, des minorités qui veulent s’affranchir du joug des grands empires. Theodore Herzl, journaliste du quotidien viennois Neue Frei Presse, observe attentivement l’effervescence nationaliste chez certains peuples européens. Il est également attentif aux nombreux pogroms que subissent les juifs en Europe orientale, notamment en Russie.

    À son tour, il imagine pour les juifs un autre destin que celui d'une minorité dispersée dans le monde. À Bâle, où il organise en août 1897 le premier congrès sioniste, il annonce alors devant 250 invités représentant 24 Etats Européens, qu’il veut « établir un foyer pour le peuple juif en Palestine, garanti par le droit public ». pour Theodore Herzl , c’est la seule solution au problème de l’antisémitisme. Et tel un prophète, il dira plus tard qu’il a fondé l’Etat juif et que « dans cinq ans peut-être, dans cinquante sûrement, chacun le verra ».

     


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