• Rita et le fusil

     

    Entre Rita et mes yeux, un fusil

    Et celui qui connaît Rita se prosterne

    Adresse une prière

    A la divinité qui rayonne dans ses yeux de miel

     

    Moi, j’ai embrassé Rita

    Quand elle était petite

    Je me rappelle comment elle se colla contre moi

    Et de sa plus belle tresse couvrit mon bras

    Je me rappelle Rita

    Ainsi qu’un moineau se rappelle son étang

     

    Ah Rita

    Entre nous, mille oiseaux mille images

    D’innombrables rendez-vous

    Criblés de balles

     

    Le nom de Rita prenait dans ma bouche un goût de fête

    Dans mon sang le corps de Rita était célébration de noces

    Deux ans durant, elle a dormi sur mon bras

    Nous prêtâmes serment autour du plus beau calice

    Et nous brûlâmes

    Dans le vin des lèvres

    Et ressuscitâmes

     

    Ah Rita

    Quoi a pu éloigner mes yeux des tiens

    Hormis le sommeil

    Et les nuages de miel

    Avant que ce fusil ne s’interpose entre nous

     

    Il était une fois

    O silence du crépuscule

    Au matin, ma lune a émigré, loin

    Dans les yeux couleur de miel

    La ville

    A balayé tous les aèdes, et Rita

    Entre Rita et mes yeux, un fusil


    Par Marhmoud Darwich


    2 commentaires

  • Taslima Nasreen

     

    Taslima Nasreen1,  Née en 1962, écrivain du Bengladesh. Elle dénonce dans ses œuvres la condition des femmes au Bengladesh. Mais ses prises de positions provoquent la colère des fondamentalistes religieux qui lancent contre elle un arrêt de mort en 1993. En 1994, elle se réfugie en Suède. Avant de se consacrer définitivement à l'écriture, Taslima Nasreen a tout d'abord été médecin. A 24 ans, elle publie son premier recueil de poésie et s'emploie dès lors à mettre à nu les racines de l'oppression des femmes. Avec ténacité, elle dénonce en même temps l'escalade de la violence qui frappe son pays à partir de 1988.  L'islamisme d'Etat provoque entre autres la féroce persécution de la minorité hindoue, qu'elle décrira dans son roman Lajja (' La Honte'). En 1990, les fondamentalistes islamistes lancent une campagne contre elles, l’agressent à plusieurs reprises et réclament sa pendaison. La qualité de son œuvre avait cependant déjà propulsé Taslima Nasreen au devant de la scène littéraire progressiste au Bangladesh et en Inde ; en 1991, elle reçoit entre autres prix le prestigieux Ananda Literary Award de Calcutta. Mais en 1993, à la parution de 'Lajja', le gouvernement interdit la diffusion du livre. L'organisation 'Soldats de l'Islam' exige à nouveau sa mise à mort, émettant une première fatwa. Lorsqu'en 1994 elle déclare dans une interview que le Coran est dépassé, les autorités lancent un mandat d'arrêt contre elle. Les fondamentalistes brûlent ses livres en public et émettent deux autres fatwas à son encontre. Elle sera expulsée du pays en août 1994. Elle entame alors une longue errance en Occident, exil qui se prolonge aujourd'hui encore. Donnant des conférences dans le monde entier, elle continue de faire de son écriture une arme de lutte.




    3 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique