• Ernst Ludwig Kirchner, Artiste - Marzella - 1910

    Marzella par Ernst Ludwig Kirchner, en 1910: Pour voir ses Oeuvres cliquez-ici

     

    PREMIÈRE SOIRÉE (Arthur Rimbaud)

     

    Elle était fort déshabillée,

    Et de grands arbres indiscrets

    Aux vitres jetaient leur feuillée

    Malinement, tout près, tout près.

     

    Assise sur ma grande chaise,

    Mi-nue, elle joignait les mains.

    Sur le plancher frissonnaient d'aise

    Ses petits pieds si fins, si fins.

     

    - Je regardai, couleur de cire,

    Un petit rayon buissonnier

    Papillonner dans son sourire

    Et sur son sein, - mouche au rosier.

     

    Je baisai ses fines chevilles.

    Elle eut un doux rire très brutal

    Qui s'égrenait en claires trilles,

    Un joli rire de cristal.

     

    Les petits pieds sous la chemise

    Se sauvèrent : « Veux-tu finir ! »

    - La première audace permise,

    Le rire feignait de punir!

     

    - Pauvrets palpitant sous ma lèvre,

    Je baisai doucement ses yeux:

    - Elle jeta sa tête mièvre

    En arrière : « Oh ! c'est encor mieux!...

     

    Monsieur, j'ai deux mots à te dire... »

    Je lui jetai le reste au sein,

    Dans un baiser qui la fit rire

    D'un bon rire qui voulait bien...

     

    - Elle était fort déshabillée,

    Et de grands arbres indiscrets

    Aux vitres penchaient leur feuillée

    Malinement, tout près, tout près.


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  • CHAMBRE HOTEL A MARRAKECH

     

     

    La floraison printanière

     

    C’est un beau soir, les fleurs sont exhalées,

    Les étoiles et la lune souriantes telles des amies ;

    Des sublimes couleurs violettes et constellées

    Sur mon drap blanc de soie fussent endormies,

     

    Les yeux fermés, mon sein chaud frémissait

    Dont la douceur désirant des mains vigoureuses

    Puis une vague chaude dans mon lys se hissait,

    Hélas, j’étais seule et une parmi les malheureuses.

     

    La fièvre du printemps fut dans mon âme,

    Un chant appelant sans cesse mon amour

    Que les primevères le fredonnaient tel un poème,

    Des vers d’amour que je citais pendant le jour !

     

    Un air doux caressa mon cœur et mon corps

    Flottant sur ma peau satinée de lumière ;

    Aucune ombre ni l’odeur infâme de la mort

    Ne pourraient rompre une floraison printanière.

     

    Sous le charme des odeurs du printemps,

    Quand je m’ouvris comme une Belle de nuit,

    Les baisers de mon amour les plus ardents

    Perlèrent telle une rosée sur mon corps endolori.

     

    Il était là mon bien aimé, nu et m’enchantant,

    Un sensuel rêve recouvra mon corps dévêtu,

    Nourrissant mes veines d’un feu brûlant ;

    Et j'ai succombé à mon désir non soutenu.

     

    Par le chant béat de mon cœur et de ma tête,

    Par la danse exaltante de mes sombres cheveux,

    Par la soif charnelle croissante telle la tempête,

    Je suis partie dans les sommets les plus heureux.

     

    Aucun de nous deux n’eut échappé aux plaisirs,

    Les plus exquis sur les nuages dans les cieux

    Où nos corps enlacés et sublimés des désirs,

    Là-haut comme des perles enchantant les dieux.

     

    Et tous les deux nous avons exploré l’éternel,

    Mon amant échoua dans mon lys un beau destin,

    Son membre chaud m’incitant un plaisir charnel ;

    Enfin, nos cœurs chantèrent le plus beau refrain. 

     

     

    ©Fathia Nasr


     

     


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