• Chant 7

     

    Le savoir d’homme est chemin

    Dont seul le départ est clair,

    Quand aux termes

    Ils se nomment Destin et fatalité.

     

    Le meilleur du savoir

    Est dans le rêve

    Que tu arrives à saisir et emporter,

    À travers l’ironie des enfants du sommeil.

     

    Si tu le vois,

    Ce frère du rêve,

    Isolé de son peuple,

    Rejeté, méprisé,

     

    C’est lui le prophète

    Que le manteau de demain voile,

    Aux yeux d’un peuple

    Qui se drape encore des vêtements du passé.

     

    C’est encore Lui

    L’Étranger au monde et à ceux qui l’habitent,

    Le Messager

    Que les hommes blâment ou excusent,

     

    C’est le Rigoureux,

    Même s’il paraît doux.

    C’est le Lointain,

    Qu’on l’approche ou qu’on l’abandonne.

     

    Dans les forêts,

    Point de science,

    Pas d’obscurantisme

    Non plus.

     

    Et quand les branches s’inclinent

    Elles ne disent pas : «  Voici le Sublime. »

     

    L’entier savoir des hommes

    Est comme brouillard sur champs,

     

    Que le soleil se lève à l’horizon,

    Il disparaît.

     

    Donne-moi le nay et chante !

    Le chant est le meilleur des savoirs

     

    Et la plainte du nay demeure

    Après l’extinction des étoiles.

    Explication du mot Nay : Flûte rustique arabe

     


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  • Le livre des processions / Khalil Gibran

    Ce livre est publié en 1919, Gibran ose une superbe forme poétique, en arabe. En vingt épisodes d’une musicalité prenante, le poète nous entraîne vers le berceau de la vie, la forêt, un espace entre ombre et lumières, où il chante l’amour et la grandeur de l’homme.


    Chant 6

     

    Le droit appartient à la volonté,

    Et les esprits forts règnent,

    Qu’ils viennent  à s’affaiblir,

    Heurts et malheurs s’installent.

     

    La tanière des lions

    A l’odeur dont les renards

    Jamais ne s’approchent,

    Que les lions y soient ou pas.

     

    Chez  les étourneaux il y a la lâcheté,

    Même dans la plénitude de leurs vols,

    Et les faucons restent fiers,

    Même à l’agonie.

     

    Que les hommes l’acceptent ou le nient,

    La force de l’esprit est vérité

    Que la force du bras ne peut nier,

     

    Et si tu vois un jour un faible régner,

    Ce sera sur ceux-là,

    Qui, confrontés à leurs semblables,

    Les fuient.

     

    Dans les forêts

    Point de volontaires,

    Ni de faibles

    Non plus,

     

    Et quand les lions rugissent,

    Les forêts ne disent pas : «  Voici l’épouvantable ! »

     

    La volonté des hommes est ombre

    Qui plane dans l’espace de la pensée,

     

    Et les droits des hommes se fanent

    Comme feuilles d’automne.

     

    Donne-moi le nay et chante !

    Le chant est force d’âme

     

    Et la plainte du nay demeure

    Après l’extinction des soleils.

    Explication du mot Nay : Flûte rustique arabe



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