-
Poème sur le printemps: Victor Hugo
Le Printemps radieux chez Giuseppe Arcimboldo est présenté en une jeune fille. C'est la saison du beau temps et du renouveau et les fleurs éclosent, chassant la tristesse et la grisaille de l'hiver. Le visage aux joues roses est composé de lys, de pivoines, de roses, d'églantines, d'anémones. Un lys épanoui décore la chevelure, allusion à la prétention des Habsbourg de descendre d'Hercule. En effet, la légende dit que le lys naquit du lait que donnait Junon à Hercule. La collerette est faite de fleurs blanches et le vêtement de feuillage.
Printemps
Tout rayonne, tout luit, tout aime, tout est doux ;
Les oiseaux semblent d'air et de lumière fous ;
L'âme dans l'infini croit voir un grand sourire.
À quoi bon exiler, rois ? À quoi bon proscrire ?
Proscrivez-vous l'été ? M’exilez-vous des fleurs ?
Pouvez-vous empêcher les souffles, les chaleurs,
Les clartés, d'être là, sans joug, sans fin, sans nombre,
Et de me faire fête, à moi banni, dans l'ombre ?
Pouvez-vous m'amoindrir les grands flots haletants,
L'océan, la joyeuse écume, le printemps
Jetant les parfums comme un prodigue en démence,
Et m'ôter un rayon de ce soleil immense ?
Non. Et je vous pardonne. Allez, trônez, vivez,
Et tâchez d'être rois longtemps, si vous pouvez.
Moi, pendant ce temps-là, je maraude, et je cueille,
Comme vous un empire, un brin de chèvrefeuille,
Et je l'emporte, ayant pour conquête une fleur.
Quand, au-dessus de moi, dans l'arbre, un querelleur,
Un mâle, cherche noise à sa douce femelle,
Ce n'est pas mon affaire et pourtant je m'en mêle,
Je dis : Paix là, messieurs les oiseaux, dans les bois !
Je les réconcilie avec ma grosse voix ;
Un peu de peur qu'on fait aux amants les rapproche.
Je n'ai point de ruisseau, de torrent, ni de roche ;
Mon gazon est étroit, et, tout près de la mer,
Mon bassin n'est pas grand, mais il n'est pas amer.
Ce coin de terre est humble et me plaît ; car l'espace
Est sur ma tête, et l'astre y brille, et l'aigle y passe,
Et le vaste Borée y plane éperdument.
Ce parterre modeste et ce haut firmament
Sont à moi ; ces bouquets, ces feuillages, cette herbe
M'aiment, et je sens croître en moi l'oubli superbe.
Je voudrais bien savoir comment je m'y prendrais
Pour me souvenir, moi l'hôte de ces forêts,
Qu'il est quelqu'un, là-bas, au loin, sur cette terre,
Qui s'amuse à proscrire, et règne, et fait la guerre,
Puisque je suis là seul devant l'immensité,
Et puisqu'ayant sur moi le profond ciel d'été
Où le vent souffle avec la douceur d'une lyre,
J'entends dans le jardin les petits enfants rire.
Recueil de Victor Hugo,
L'art d'être grand-père
Tags : moi, printemps, grand, fleur, proscrire
-
Commentaires
6ArmideMardi 13 Mars 2012 à 01:43RépondreTrés beau poème ,j'aime beaucoup Victor Hugo, merci de nous faire profiter de ce joli poème.Bonsoir Samia...
Un bel article ou Arcimboldo cotoie Victor Hugo...Je ne connais pas beaucoup l'oeuvre d'Arcimboldo à part bien sûr ces 4 saisons dont tu présente ici le printemps...c'est un artiste qui m'a toujours fasciné avec ses 4 oeuvres; où j'ai découvert que l'on pouvait dessiner ou peindre la nature avec des composants de la nature...
bonne soirée
gros pious mon ange
Yannvoici ma belle mon lien http://www.desert-des-mots.com/ pour la video voici l'adresse désirata l'église de saint paul
Désidérata Ce très beau texte a été écrit par un inconnu et trouvé dans l'église
Saint-Paul de Baltimore, et a été gravé sur cette même église. bisousLe Printemps est le grand favori des peintres, et des poètes ainsi que tu le montres sur cette page !
Amitiés Samia !
eva.
Ajouter un commentaire