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    Carts Animée Saint Valentin ( Citations d'amour)

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    Alfred de Musset — Premières poésies

    La Coupe et les lèvres

    POÈME DRAMATIQUE

     

    Entre la coupe et les lèvres, il reste encore de la

    place pour un malheur. (Ancien proverbe)

     

    Dédicace à M. Alfred Tattet

     

    ...

    L’amour est tout, — l’amour, et la vie au soleil.

    Aimer est le grand point, qu’importe la maîtresse ?

    Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse ?

    Faites-vous de ce monde un songe sans réveil.

    S’il est vrai que Schiller n’ait aimé qu’Amélie,

    Goethe que Marguerite, et Rousseau que Julie,

    Que la terre leur soit légère ! — ils ont aimé.

    Vous trouverez, mon cher, mes rimes bien mauvaises :

    Quant à ces choses-là, je suis un réformé.

    Je n’ai plus de système, et j’aime mieux mes aises ;

    Mais j’ai toujours trouvé honteux de cheviller.

    Je vois chez quelques-uns, en ce genre d’escrime,

    Des rapports trop exacts avec un menuisier.

    Gloire aux auteurs nouveaux, qui veulent à la rime

    Une lettre de plus qu’il n’en fallait jadis !

    Bravo ! c’est un bon clou de plus à la pensée.

    La vieille liberté par Voltaire laissée

    Etait bonne autrefois pour les petits esprits.

    Un long cri de douleur traversa l’Italie

    Lorsqu’au pied des autels Michel-Ange expira.

    Le siècle se fermait, — et la mélancolie,

    Comme un pressentiment, des vieillards s’empara.

    L’art, qui sous ce grand homme avait quitté la terre

    Pour se suspendre au ciel, comme le nourrisson

    Se suspend et s’attache aux lèvres de sa mère,

    L’art avec lui tomba. — Ce fut le dernier nom

    Dont le peuple toscan ait gardé la mémoire.

    Aujourd’hui l’art n’est plus, — personne n’y veut croire.

    Notre littérature a cent mille raisons

    Pour parler de noyés, de morts, et de guenilles...

     


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  • Amoureux

     

    Amour - Victor Hugo


    Amour! "Loi", dit Jésus. "Mystère", dit Platon.

    Sait-on quel fil nous lie au firmament? Sait-on

    Ce que les mains de Dieu dans l'immensité sèment?

    Est-on maître d'aimer? Pourquoi deux, êtres s'aiment,

    Demande à l'eau qui court, demande à l'air qui fuit,

    Au moucheron qui vole à la flamme la nuit,

    Au rayon d'or qui veut baiser la grappe mûre!

    Demande à ce qui chante, appelle, attend, murmure!

    Demande aux nids profonds qu'avril met en émoi

    Le cœur éperdu crie: Est-ce que je sais, moi?

    Cette femme a passé: je suis fou. C'est l'histoire.

    Ses cheveux étaient blonds, sa prunelle était noire;

    En plein midi, joyeuse, une fleur au corset,

    Illumination du jour, elle passait;

    Elle allait, la charmante, et riait, la superbe;

    Ses petits pieds semblaient chuchoter avec l'herbe;

    Un oiseau bleu volait dans l'air, et me parla;

    Et comment voulez-vous que j'échappe à cela?

    Est-ce que je sais, moi? c'était au temps des roses;

    Les arbres se disaient tout bas de douces choses;

    Les ruisseaux l'ont voulu, les fleurs l'ont comploté.

    J'aime! -- O Bodin, Vouglans, Delancre! prévôté,

    Bailliage, châtelet, grand'chambre, saint-office,

    Demandez le secret de ce doux maléfice

    Aux vents, au frais printemps chassant l'hiver hagard,

    Au philtre qu'un regard boit dans l'autre regard,

    Au sourire qui rêve, à la voix qui caresse,

    A ce magicien, à cette charmeresse!

    Demandez aux sentiers traîtres qui, dans les bois,

    Vous font recommencer les mêmes pas cent fois,

    A la branche de mai, cette Armide qui guette,

    Et fait tourner sur nous en cercle sa baguette!

    Demandez à la vie, à la nature, aux cieux,

    Au vague enchantement des champs mystérieux!

    Exorcisez le pré tentateur, l'antre, l'orme!

    Faite, Cujas au poing, un bon procès en forme

    Aux sources dont le cœur écoute les sanglots,

    Au soupir éternel des forêts et des flots.

    Dressez procès-verbal contre les pâquerettes

    Qui laissent les bourdons froisser leurs collerettes;

    Instrumentez; tonnez. Prouvez que deux amants

    Livraient leur âme aux fleurs, aux bois, aux lacs dormants,

    Et qu'ils ont fait un pacte avec la lune sombre,

    Avec l'illusion, l'espérance aux yeux d'ombre,

    Et l'extase chantant des hymnes inconnus,

    Et qu'ils allaient tous deux, dès que brillait

    Vénus, Sur l'herbe que la brise agite par bouffées,

    Danser au bleu sabbat de ces nocturnes fées,

    Éperdus, possédés d'un adorable ennui,

    Elle n'étant plus elle et lui n'étant plus lui!

    Quoi! Nous sommes encore aux temps où la Tournelle,

    Déclarant la magie impie et criminelle,

    Lui dressait un bûcher par arrêt de la cour,

    Et le dernier sorcier qu'on brûle, c'est l'Amour!


    Victor Hugo, Juillet 1843.

     


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