• Conte D'Afrique: Les marais de sel

    Les marais Topé-tope ne sont pas comme les autres. Aucune végétation ne couvre leur surface, aucun poisson, aucun crocodile ne vivent dans leurs profondeurs. Leur surface luit, au contraire, d'un éclat argenté mat et leurs eaux sont mortes. Les marais Topé-tope sont saturés de sel.

    Autrefois, des champs fertiles et des prés verdoyants s'étendaient à la place des marais. C'était le pays de la riche tribu Ayayonga. Les Ayayonga s'étaient rendus célèbres non pas par le bétail gras qu'ils élevaient, ni par les nombreuses variétés de blé qu'ils cultivaient, mais par le sel gemme qu'ils trouvaient en abondance dans leurs terres.

    Casser des blocs de sel n'était pas difficile. C'était plus facile, en tout cas, que cultiver le blé et élever le bétail ! Avec le sel, on pouvait tout acheter : le blé et le bétail, de magnifiques tissus, des bijoux et des armes. Ainsi, les Ayayonga abandonnaient peu à peu le travail, négligeant leurs terres et leurs bêtes, entièrement occupés à l'extraction du sel qui était la source de leurs richesses.

    Le puissant dieu Mguri-mgori considérait avec mécontentement l'attitude des Ayayonga. Il décida, en fin de compte, de les punir pour leur paresse. Mais auparavant, il voulait leur accorder une chance.

    Ainsi, un vieillard nommé Bakomba dont le pére avait été jadis puissant sorcier, se leva au cours d'une cérémonie pour s'adresser au peuple ayayonga :

    "Ecoutez-moi, hommes ayayonga ! Je suis Bakomba, votre congénère, fils d'un grand sorcier ! "

    Lorsque l'assistance se tut, Bakomba poursuivit :

    "Je suis assez vieux, hommes, pour me permettre de vous parler comme le puissant Mguri-mgori me l'a ordonné. Le puissant dieu est en colère contre vous, car vous négligez votre bétail et ne cultivez plus votre terre. Vous ne faites qu'extraire le sel et amasser les richesses, oubliant vos dieux, y compris le grand Mguri-mgori. Vous n'avez même pas de sorcier ! "

    Bakomba n'eut pas le temps de finir. Les hommes se jetèrent sur lui et l'accusèrent de convoitise et d'ambition. Persuadés que Bakomba voulait devenir sorcier pour vivre à leurs dépens, les Ayayonga décidèrent de s'en débarrasser. Un homme proposa :

    "Il est avide de notre sel, de nos pierres argentées. Alors, donnons-lui-en ! "

    Sur ce, les hommes attachérent le pauvre vieillard à un arbre et le lapidèrent avec des blocs de sel. Avant de mourir, Bakomba S'écria :

    "Le puissant Mguri-mgori vous regarde et son œil affligé détruira votre arrogante richesse ! "

    A peine eut-il prononcé ces paroles que le ciel se couvrit de lourds nuages noirs qui commencèrent à déverser des trombes d'eau sur la terre. Dans son affliction, Mguri-mgori inonda de ses larmes le pays des Ayayonga, faisant fondre leur richesse, le sel.

    Lorsque le soleil brilla à nouveau dans le ciel, il ne restait rien de la tribu ayayonga, de ses champs et pâturages, de ses mines de sel. A leur place s'étendaient à perte de vue des marais salés, marais qu'on appelle Topé-tope, "Larmes salées ".

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  • Commentaires

    10
    Jeudi 27 Janvier 2011 à 11:23
    mary

    Merci pour ce joli conte africain , j'ai pris un immense plaisir à flâner dans votre univers. Et je me suis sentie  bien comme une amie en visite !

    A bientôt et bonne fin de semaine. Mary

    9
    Mardi 13 Octobre 2009 à 17:51
    Dany
    Je suis d'accord avec toi à ce propos Samia. un peu partout dans le monde... bisous
    8
    Mardi 13 Octobre 2009 à 06:37
    Dany
    J'ai visité le Maroc Samia un beau pays. bisous
    7
    Lundi 12 Octobre 2009 à 17:30
    Dany
    Bonjour Samia.
    J'ai adoré cet article, quand j'étais gamine, nous avions un de nos employés qui s'occupait de nous qui nous parlait des légendes Africaines, je m'endormais sur ces récits aventuriers, merci c'est magique tout comme le continent d'où ce conte provient. bisous
    Dany 
    6
    Lundi 12 Octobre 2009 à 14:57
    Dominique Baumont
    Encore un bien beau conte que tu nous offre chère Samia. Mille mercis. Je t'embrasse et bon lundi. Dominique
    5
    Dimanche 11 Octobre 2009 à 20:33
    bongo
    Merci pour cette histoire que je ne connaissais pas - pleine de sagesse...
    faire les choses dans la mesure..; ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier - et pour les hommes un peu partout, se méfier des monocultures... qui nous rendent dépendants pour tout le reste et rétrécissent notre savoir et notre coeur...
    les "monocultures" c'est en partie ce qui a installé la pauvreté et la famine, notamment en Afrique... Les OGM vont faire encore pire... Il serait temps de revenir à certaines de nos coutumes ancestrales... partout, quand c'est possible...
    mes grands parents savaient tout faire pousser dans leur jardin, pommes de terre, tomates, courgettes, haricots... etc... - moi, même si j'avais un jardin, il me faudrait bien du temps avant d'arriver au même résultat...
    4
    Dimanche 11 Octobre 2009 à 17:09
    LADY MARIANNE
    bonjour SAMIA !!
    j'espère que tu vas bien !
    un joli conte qui nous montre le chemin de la sagesse !

    bisous lady Marianne
    3
    Dimanche 11 Octobre 2009 à 15:19
    Didier
    Un superbe conte moi qui aime l'Afrique
    C'EST MAGIQUE
    merci Samia c'est un plaisir
    bon dimanche
    gros bisous
    merci pour ta belle fleur
    Didier
    2
    Dimanche 11 Octobre 2009 à 10:59
    un conte qui en dit long sur la cupidité de l'homme que ce soit d'Afrique ou d'ailleurs.
    bon dimanche à toi
    1
    Dimanche 11 Octobre 2009 à 09:27
    Doucepoésie
    Bonjour ma chère amie Samia, oh super de nous conter cette histoire des marais de sel, j'ai beaucoup aimé.
    Surtout que je ne connaissais pas .Tu es géniale , toujours tu nous captives de tes beaux écrits et articles.Merci à toi ma douce amie.
    Passe un doux et bon dimanche sous le doux regard de Dieu.
    Bises amicales Mimi.
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