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La vie errante de Guy de Maupassant: La Sicile (1890)
La Sicile (1890)
Quatrième chapitre de La vie errante
lundi 20 mars 2006 par Guy de Maupassant (1850-1893)
On est convaincu, en France, que la Sicile est un pays sauvage, difficile et même dangereux à visiter. De temps en temps, un voyageur, qui passe pour un audacieux, s’aventure jusqu’à Palerme, et il revient en déclarant que c’est une ville très intéressante. Et voilà tout. En quoi Palerme et la Sicile tout entière sont-elles intéressantes ? On ne le sait pas au juste chez nous. À la vérité, il n’y a là qu’une question de mode. Cette île, perle de la Méditerranée, n’est point au nombre des contrées qu’il est d’usage de parcourir, qu’il est de bon goût de connaître, qui font partie, comme l’Italie, de l’éducation d’un homme bien élevé.
À deux points de vue, cependant, la Sicile devrait attirer les voyageurs, car ses beautés naturelles et ses beautés artistiques sont aussi particulières que remarquables. On sait combien est fertile et mouvementée cette terre, qui fut appelée le grenier de l’Italie, que tous les peuples envahirent et possédèrent l’un après l’autre, tant fut violente leur envie de la posséder, qui fit se battre et mourir tant d’hommes, comme une belle fille ardemment désirée. C’est, autant que l’Espagne, le pays des oranges, le sol fleuri dont l’air, au printemps, n’est qu’un parfum ; et elle allume, chaque soir, au-dessus des mers, le fanal monstrueux de l’Etna, le plus grand volcan d’Europe. Mais ce qui fait d’elle, avant tout, une terre indispensable à voir et unique au monde, c’est qu’elle est, d’un bout à l’autre, un étrange et divin musée d’architecture.
L’architecture est morte aujourd’hui, en ce siècle encore artiste, pourtant, mais qui semble avoir perdu le don de faire de la beauté avec des pierres, le mystérieux secret de la séduction par les lignes, le sens de la grâce dans les monuments. Nous paraissons ne plus comprendre, ne plus savoir que la seule proportion d’un mur peut donner à l’esprit la même sensation de joie artistique, la même émotion secrète et profonde qu’un chef-d’œuvre de Rembrandt, de Velasquez ou de Véronèse...
Tags : sicile, d’un, 1893, qu’un, beaute
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Commentaires
la SICILE est l'ile de beauté!!!
elle porte bien son nom.......
et je constate cette autre qualité de voyageur érudit,
que je découvre en toi..
amitiées...djila.MAUPASSANT un écrivain normand que j'apprécie beaucoup bonne journée samia gros bisous didier
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En france,quand les médias parlent de la Sicile,c'est soit pour son volcan ou les histoires locales...mais pas grand chose sur sa beauté...
bonne soirée
Gros Piouuuuuuus