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    ŒUVRE DE FREDERIC LEIGHTON-LA SOLITUDE

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    UNE LARME (ou Consolation)

     

    Tombez, larmes silencieuses,

    Sur une terre sans pitié;

    Non plus entre des mains pieuses,

    Ni sur le sein de l'amitié !

     

    Tombez comme une aride pluie

    Qui rejaillit sur le rocher,

    Que nul rayon du ciel n'essuie,

    Que nul souffle ne vient sécher.

     

    Qu'importe à ces hommes mes frères

    Le cœur brisé d'un malheureux ?

    Trop au-dessus de mes misères,

    Mon infortune est si loin d'eux !

     

    Jamais sans doute aucunes larmes

    N'obscurciront pour eux le ciel;

    Leur avenir n'a point d'alarmes,

    Leur coupe n'aura point de fiel.

     

    Jamais cette foule frivole

    Qui passe en riant devant moi

    N'aura besoin qu'une parole

    Lui dise : Je pleure avec toi !

     

    Eh bien ! ne cherchons plus sans cesse

    La vaine pitié des humains;

    Nourrissons-nous de ma tristesse,

    Et cachons mon front dans mes mains.

     

    A l'heure où l'âme solitaire

    S'enveloppe d'un crêpe noir,

    Et n'attend plus rien de la terre,

    Veuve de son dernier espoir;

     

    Lorsque l'amitié qui l'oublie

    Se détourne de son chemin,

    Que son dernier bâton, qui plie,

    Se brise et déchire sa main;

     

    Quand l'homme faible, et qui redoute

    La contagion du malheur,

    Nous laisse seul sur notre route

    Face à face avec la douleur;

     

    Quand l'avenir n'a plus de charmes

    Qui fassent désirer demain,

    Et que l'amertume des larmes

    Est le seul goût de notre pain;

     

    C'est alors que ta voix s'élève

    Dans le silence de mon cœur,

    Et que ta main, mon Dieu ! soulève

    Le poids glacé de ma douleur.

     

    On sent que ta tendre parole

    À d'autres ne peut se mêler,

    Seigneur ! et qu'elle ne console

    Que ceux qu'on n'a pu consoler.

     

    Ton bras céleste nous attire

    Comme un ami contre son cœur,

    Le monde, qui nous voit sourire,

    Se dit : D'où leur vient ce bonheur?

     

    Et l'âme se fond en prière

    Et s'entretient avec les cieux,

    Et les larmes de la paupière

    Sèchent d'elles-même à nos yeux,

     

    Comme un rayon d'hiver essuie,

    Sur la branche ou sur le rocher,

    La dernière goutte de pluie

    Qu'aucune ombre n'a pu sécher.

     

    Alphonse de Lamartine


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    Regret (émotion) - Maud-Muller-Brown

     

     

    Je ne veux point fouiller au sein de la nature

     

    Je ne veux point fouiller au sein de la nature,

    Je ne veux point chercher l'esprit de l'univers,

    Je ne veux point sonder les abîmes couverts,

    Ni dessiner du ciel la belle architecture.

     

    Je ne peins mes tableaux de si riche peinture,

    Et si hauts arguments ne recherche à mes vers :

    Mais suivant de ce lieu les accidents divers,

    Soit de bien, soit de mal, j'écris à l'aventure.

     

    Je me plains à mes vers, si j'ai quelque regret :

    Je me ris avec eux, je leur dis mon secret,

    Comme étant de mon coeur les plus sûrs secrétaires.

     

    Aussi ne veux-je tant les peigner et friser,

    Et de plus braves noms ne les veux déguiser

    Que de papiers journaux ou bien de commentaires. 

     

    Du Bellay - Les Regrets


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