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    1945 Tasse, verre et cafetière-Pablo Picasso

     

     

    Jacques DELILLE   (1738-1813)

     

    Le café

     

     

    Il est une liqueur, au poëte plus chère,

    Qui manquait à Virgile, et qu'adorait Voltaire ;

    C'est toi, divin café, dont l'aimable liqueur

    Sans altérer la tête épanouit le coeur.

    Aussi, quand mon palais est émoussé par l'âge,

    Avec plaisir encor je goûte ton breuvage.

    Que j'aime à préparer ton nectar précieux !

    Nul n'usurpe chez moi ce soin délicieux.

    Sur le réchaud brûlant moi seul tournant ta graine,

    A l'or de ta couleur fais succéder l'ébène ;

    Moi seul contre la noix, qu'arment ses dents de fer,

    Je fais, en le broyant, crier ton fruit amer,

    Charmé de ton parfum, c'est moi seul qui dans l'onde

    Infuse à mon foyer ta poussière féconde ;

    Qui, tour à tour calmant, excitant tes bouillons,

    Suis d'un oeil attentif tes légers tourbillons. 

    Enfin, de ta liqueur lentement reposée, 

    Dans le vase fumant la lie est déposée ; 

    Ma coupe, ton nectar, le miel américain,

    Que du suc des roseaux exprima l'Africain, 

    Tout est prêt : du Japon l'émail reçoit tes ondes, 

    Et seul tu réunis les tributs des deux mondes.

    Viens donc, divin nectar, viens donc, inspire-moi. 

    Je ne veux qu'un désert, mon Antigone et toi.

    A peine j'ai senti ta vapeur odorante,

    Soudain de ton climat la chaleur pénétrante 

    Réveille tous mes sens ; sans trouble, sans chaos,

    Mes pensers plus nombreux accourent à grands flots. 

    Mon idée était triste, aride, dépouillée ; 

    Elle rit, elle sort richement habillée, 

    Et je crois, du génie éprouvant le réveil, 

    Boire dans chaque goutte un rayon du soleil.


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  • Driftwood

    Album 1: les Œuvres de Winslow Homer –Peintre des flots

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    L'homme et la mer
     
    Homme libre, toujours tu chériras la mer !
    La mer est ton miroir; tu contemples ton âme
    Dans le déroulement infini de sa lame,
    Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.
     
    Tu te plais à plonger au sein de ton image ;
    Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton coeur
    Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
    Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage
     
    Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets;
    Homme, nul ne connaît le fond de tes abîmes;
    O mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
    Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets
     
    Et cependant voilà des siècles innombrables
    Que vous vous combattez sans pitié ni remord,
    Tellement vous aimez le carnage et la mort,
    O lutteurs éternels, ô frères implacables !
     
    Fleurs du Mal - Charles Baudelaire

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