• Arthur-B.-Davies--Elysian-Fields-.jpg

    Œuvre d’Arthur B. Davies - Elysian Fields.

     

    MANIFESTE DU SYMBOLISME - Jean Moréas

    Comme tous les arts, la littérature évolue : évolution cyclique avec des retours strictement déterminés et qui se compliquent des diverses modifications apportées par la marche du temps et les bouleversements des milieux. Il serait superflu de faire observer que chaque nouvelle phase évolutive de l'art correspond exactement à la décrépitude sénile, à l'inéluctable fin de l'école immédiatement antérieure. Deux exemples suffiront: Ronsard triomphe de l'impuissance des derniers imitateurs de Marot, le romantisme éploie ses oriflammes sur les décombres classiques mal gardés par Casimir Delavigne et Étienne de Jouy. C'est que toute manifestation d'art arrive fatalement à s'appauvrir, à s'épuiser; alors, de copie en copie, d'imitation en imitation, ce qui fut plein de sève et de fraîcheur se dessèche et se recroqueville; ce qui fut le neuf et le spontané devient le poncif et le lieu commun.

    Ainsi le romantisme, après avoir sonné tous les tumultueux tocsins de la révolte, après avoir eu ses jours de gloire et de bataille, perdit de sa force et de sa grâce, abdiqua ses audaces héroïques, se fit rangé, sceptique et plein de bon sens; dans l'honorable et mesquine tentative des Parnassiens, il espéra de fallacieux renouveaux, puis finalement, tel un monarque tombé en enfance, il se laissa déposer par le naturalisme auquel on ne peut accorder sérieusement qu'une valeur de protestation, légitime mais mal avisée, contre les fadeurs de quelques romanciers alors à la mode.

    Une nouvelle manifestation d'art était donc attendue, nécessaire, inévitable. Cette manifestation, couvée depuis longtemps, vient d'éclore. Et toutes les anodines facéties des joyeux de la presse, toutes les inquiétudes des critiques graves, toute la mauvaise humeur du public surpris dans ses nonchalances moutonnières ne font qu'affirmer chaque jour davantage la vitalité de l'évolution actuelle dans les lettres françaises, cette évolution que des juges pressés notèrent, par une inexplicable antinomie, de décadence. Remarquez pourtant que les littératures décadentes se révèlent essentiellement coriaces, filandreuses, timorées et serviles : toutes les tragédies de Voltaire, par exemple, sont marquées de ces tavelures de décadence. Et que peut-on reprocher, que reproche-t-on à la nouvelle école? L'abus de la pompe, l'étrangeté de la métaphore, un vocabulaire neuf où les harmonies se combinent avec les couleurs et les lignes : caractéristiques de toute renaissance.

    Nous avons déjà proposé la dénomination de symbolisme comme la seule capable de désigner raisonnablement la tendance actuelle de l'esprit créateur en art. Cette dénomination peut être maintenue.

    Il a été dit au commencement de cet article que les évolutions d'art offrent un caractère cyclique extrêmement compliqué de divergences ainsi, pour suivre l'exacte filiation de la nouvelle école, il faudrait remonter jusqu'à certains poèmes d'Alfred de Vigny, jusques à Shakespeare, jusques aux mystiques, plus loin encore. Ces questions demanderaient un volume de commentaires; disons donc que Charles Baudelaire doit être considéré comme le véritable précurseur du mouvement actuel ; M. Stéphane Mallarmé le lotit du sens du mystère et de l'ineffable ; M. Paul Verlaine brisa en son honneur les cruelles entraves du vers que les doigts prestigieux de M. Théodore de Banville avaient assoupli auparavant. Cependant le Suprême enchantement n'est pas encore consommé un labeur opiniâtre et jaloux sollicite les nouveaux venus.

    Ennemie de l'enseignement, la déclamation, la fausse sensibilité, la description objective, la poésie symbolique cherche à vêtir l'Idée d'une forme sensible qui, néanmoins, ne serait pas son but à elle-même, mais qui, tout en servant à exprimer l'Idée, demeurerait sujette. L'Idée, à son tour, ne doit point se laisser voir privée des somptueuses simarres des analogies extérieures; car le caractère essentiel de l'art symbolique consiste à ne jamais aller jusqu'à la conception de l'Idée en soi. Ainsi, dans cet art, les tableaux de la nature, les actions des humains, tous les phénomènes concrets ne sauraient se manifester eux-mêmes ; ce sont là des apparences sensibles destinées à représenter leurs affinités ésotériques avec des Idées primordiales.

    L'accusation d'obscurité lancée contre une telle esthétique par des lecteurs à bâtons rompus n'a rien qui puisse surprendre. Mais qu'y faire? Les Pythiques de Pindare, l'Hamlet de Shakespeare, la Vîta Nuova de Dante, le Second Faust de Goethe, la Tentation de Saint Antoine de Flaubert ne furent-ils pas aussi taxés d'ambiguïté ? Pour la traduction exacte de sa synthèse, il faut au Symbolisme un style archétype et complexe : d'impollués vocables, la période qui s'arcboute alternant avec la période aux défaillances ondulées, les pléonasmes significatifs, les mystérieuses ellipses, l'anacoluthe en suspens, tout trope hardi et multiforme ; enfin la bonne langue-instaurée et modernisée - , la bonne et luxuriante et fringante langue française d'avant les Vaugelas et les Boileau-Despréaux, la langue de François Rabelais et de Philippe de Commines, de Villon, de Rutebeuf et de tant d'autres écrivains libres et dardant le terme du langage, tels des Toxotes de Thrace leurs flèches sinueuses.

    Le rythme : l'ancienne métrique avivée ; un désordre savamment ordonné ; la rime illucescente et martelée comme un bouclier d'or et d'airain, auprès de la rime aux fluidités absconses ; l'alexandrin à arrête multiples et mobiles ; l'emploi de certains nombres premiers - sept, neuf, onze, treize, - résolus en les diverses combinaisons rythmiques dont ils sont les sommes.


    8 commentaires
  • La-communaute-du-Sud-de-Harlaine-Harris.jpg

    « Moi, Sookie Stackhouse, j’ai un faible pour les vampires. Et à la nouvelle –Orléans, ce n’est pas ça qui manque. »



    « Moi, Sookie Stackhouse, j'ai un faible pour les vampires. Et à La Nouvelle-Orléans, ce n'est pas ça qui manque. Le mien a débarqué dans le bar où je travaille un samedi soir. Comme j'ai la faculté de lire dans les pensées d'autrui, j'ai vite compris qu'il avait de gros ennuis : des chasseurs de vampires lui tendaient un traquenard. Ni une ni deux; je lui ai sauvé la vie. C'est ainsi que j'ai fait la connaissance de Bill Compton. Il est charmant, bien élevé (il faut dire qu'il a été vampirisé en 1870 et que les Confédérés étaient des gentlemen).Il n'en reste pas moins un amateur, d'hémoglobine, et parfois je ne sais pas s'il me rassure ou s'il me terrorise. Surtout depuis cette vague de crimes en ville... Suis-je inconsciente ? On me dit qu'il n'y a pas d'avenir entre nous, mais moi je sens que notre équipe de choc va faire des étincelles »

    Ça sonne comme du déjà vu ? Eh bien non, le travail de l’écrivaine américaine Harlaine Harris reste original. Les vampires existent depuis des siècles dans la fiction, dépeint comme des monstres du mal. Le sien a une âme tourmentée, il est charmant et romantique. Charlaine Harris dans sa série de la communauté du Sud a tenté de «  moderniser » l’histoire traditionnelle des vampires.

    Sookie Stackhouse est serveuse dans une petite ville de la Louisiane qui a un problème tout à fait unique. Elle peut entendre les pensées des gens autour d’elle et bien quelle tente de s’en abstenir, son comportement crée une sorte de gêne auprès des autres. Avec Bill, tout est différent : elle ne parvient pas à le percer à jour et cela ne manque pas de réveiller des émotions en elle, jamais ressenties auparavant. Mais dans un monde où les hommes comprennent enfin que les vampires existent, il est difficile pour ceux-ci de s’intégrer et cela par la consommation d’un sang synthétique. Sauf qu’ils n’y parviennent pas vraiment et ne rêvent que de croquer notre héroïne.

    Dans un monde où les vampires sont de notoriété publique, on pourrait penser que nous sommes face à un roman de science-fiction. Or, cette œuvre étrange reste tout à fait traditionnelle. Nous sommes en plein XXe siècle et tous les événements se produisent au sien de l’environnement un peu pittoresque du sud de la Louisiane.

    Nous avons alors le sentiment que «  Bon Temps », la ville imaginaire du roman est un lieu mythique, parfait pour les vampires.

    Charlaine Harris est clairement consciente de l’héritage du genre littéraire qu’elle exploite. Elle s’inspire plus particulièrement d’Anne Rice dont la fiction a fait de la Nouvelle Orléans, une sorte de Mecque des vampires. Il semble ici que nous voyons en présence du Dracula du XXIe siècle. Avec  toutes les peurs symboliques s’y rattachant : la crainte du sang mêlé, la libération sexuelle et l’invasion cultuelle éprouvée par les gens du sud des États-Unis. Le sang et le sexe jouent un rôle important dans cette œuvre. Le sexe a toujours été l’un des moteurs essentiels du vampirisme. Une fois utilisée pour le plaisir et la douleur, représentant à la fois l’innocence et l’expérience, l’amour et la haine, la perte et l’immortalité.

    L’intrigue est bien menée. Un roman écrit à la première personne. Tout ce qui se produit est vu à travers l’égard de Sookie. Son mode de narration permet de créer directement un bien intime entre Sookie et le lecteur.

     

     

    En conclusion, si vous êtes à la recherche d’émotions fortes et romantisme, de montées d’adrénaline et de tendresse à la fois. Alors ces livres sont pour vous. C’est remarquablement écrit très divertissant. Vous ne regretterez pas le voyage !



    Pour lire le résumé des onze tomes de La Communauté du Sud, cliquez-ici


    18 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique