• MELANCHOLIA

    A Ernest Boutier.

    II

     NEVERMORE

    Paul Verlaine 

     

    Souvenir, souvenir, que me veux-tu? L'automne

    Faisait voler la grive à travers l'air atone,

    Et le soleil dardait un rayon monotone

    Sur le bois jaunissant où la bise détone.

     

    Nous étions seul à seule et marchions en rêvant,

    Elle et moi, les cheveux et la pensée au vent.

    Soudain, tournant vers moi son regard émouvant:

    «Quel fut ton plus beau jour!» fit sa voix d'or vivant,

     

    Sa voix douce et sonore, au frais timbre angélique.

    Un sourire discret lui donna la réplique,

    Et je baisai sa main blanche, dévotement.

     

    —Ah! les premières fleurs qu'elles sont parfumées!

    Et qu'il bruit avec un murmure charmant

    Le premier oui qui sort de lèvres bien-aimées!


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  • MELANCHOLIA

    A Ernest Boutier.

    I

    RÉSIGNATION

    Paul Verlaine 


    Tout enfant, j'allais rêvant Ko-Hinnor,

    Somptuosité persane et papale,

    Héliogabale et Sardanapale!

    Mon désir créait sous des toits en or,

     

    Parmi les parfums, au son des musiques,

    Des harems sans fin, paradis physiques!

    Aujourd'hui plus calme et non moins ardent,

    Mais sachant la vie et qu'il faut qu'on plie,

     

    J'ai dû refréner ma belle folie,

    Sans me résigner par trop cependant.

    Soit! le grandiose échappe à ma dent,

     

    Mais fi de l'aimable et fi de la lie!

    Et je hais toujours la femme jolie!

    La rime assonante et l'ami prudent.


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