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Par fathianasr le 28 Août 2009 à 18:11
Le livre des processions / Khalil Gibran
Ce livre est publié en 1919, Gibran ose une superbe forme poétique, en arabe. En vingt épisodes d’une musicalité prenante, le poète nous entraîne vers le berceau de la vie, la forêt, un espace entre ombre et lumières, où il chante l’amour et la grandeur de l’homme.
Chant premier
Pour les hommes,
Faire le bien sous la contrainte est contrefaçon,
Et le mal d’homme, même enterré,
Jamais ne s’éteint.
Menés par les doigts du destin,
La plupart sont instruments
Qui un jour,
Se brisent.
Et surtout ne dis pas :
« Tel est un savant éminent ».
Ne dis pas :
« Voilà un maître vénérable ».
Les meilleurs sont troupeaux
Qu’entraîne la voix des bergers,
Et celui qui ne marche pas,
S’efface.
Dans les forêts
Pas de berger,
Dans les forêts,
Pas de troupeaux,
L’hiver avance
Que nul printemps n’accompagne.
Les hommes naissent esclaves
De qui refuse de plier genou,
Donne-moi le nay, et chante ?
Le chant garde l’esprit,
Et la plainte du nay survit
Au glorieux et au misérable.
Explications du mot Nay : Flûte rustique arabe
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Par fathianasr le 16 Juin 2009 à 15:02
O Dieu, qu’est-ce que l’homme ?
O Dieu, qu’est-ce que l’homme ?...
Ô Dieu, qu’est-ce que l’homme ?
Rien que chair et sang.
Ses jours - l’ombre passant,
L’errance, qu’il ignore...
Soudain son heure vient : il se couche et s’endort.
Ô Dieu, qu’est-ce que l’homme ?
Glaise sale et foulée,
Infestée d’immondice,
De tromperie, de vice,
Bouton de fleur fané,
Flétri sous le soleil !
Si tu lui rappelais
Ses fautes enfouies,
Ta colère et Ton ire
Les pourrait-il souffrir ?
Aussi grâce et pitié, car il n’est pas si fort...
Soudain son heure vient : il se couche et s’endort.
***
Ô Dieu, qu’est-ce que l’homme ?
Baignant dedans sa boue,
Un menteur qui se loue,
De vanité un fou !
Le pur d’impur sort-il
Ou le précieux du vil ?
Si tu lui rappelais
Ses penchants si mauvais,
Il se dessécherait
Tel un brin d’herbe folle...
Aussi grâce et pitié à l’instant de sa mort !
***
Ô Dieu, qu’est-ce que l’homme ?
Incorrigible orgueil,
Buvant les eaux du deuil,
Mâchant un méchant pain,
Un océan sans frein,
Un four de chaleur brute !
Si tu lui rappelais
De son péché le rut,
Il serait terrassé,
Face au fort - harassé !
Aussi grâce et pitié, pardonne-lui encore...
Soudain son heure vient : il se couche et s’endort.
***
Ô Dieu, qu’est-ce que l’homme ?
Rien que de la souillure,
Forfaiture farouche,
Calomnies à la bouche...
Si tu lui rappelais
Ses méfaits, son cloaque,
Il ne serait que loques,
Partirait en fumée...
Aussi grâce et pardon,
Pitié, absolution !
Mannequin de limon dont poussière est le corps...
Soudain son heure vient : il se couche et s’endort.
***
Ô Dieu, qu’est-ce que l’homme ?
Oui, un arbre mité,
Et lorsque vient la mort,
Un fétu éclaté !
Ses joies de pleurs il baigne
Quand il pourrit de teigne...
Si tu lui rappelais
De ses péchés la masse,
Il deviendrait limace,
De la cire fondue !
Aussi grâce et pitié, clémence pour ses torts !
Soudain son heure vient : il se couche et s’endort.
***
Ô Dieu, qu’est-ce que l’homme ?
La feuille au vent qui vole,
Un poids sur la balance
Pesant l'insignifiance,
Volière à mensonge
Comme en cage mésanges...
Pourrais-tu donc penser
À sévir contre lui,
Fumée qui s’évanouit,
Bois vermoulu, moisi ?
Gracie-les à ton aune, et non pas à la leur !
Soudain son heure vient : il se couche et s’endort.
Poème liturgique de Salomon Ibn Gabirol (1020-1057),
Le plus grand poète hébreux andalou
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